Saint-Brieuc : une Bretagne pour « fines goules »

Les Briochins ? Ça vous parle ? Les habitants de Saint-Brieuc méritent d’autant plus leur nom qu’ils ont la chance de vivre dans une ville gourmande… où la coquille Saint-Jacques tient le haut… de la marée, autour d’un credo qui fait l’unanimité : « Que notre volonté soit fête ! »

Autant en emporte le ventre… A l’heure des agapes de « faim d’année », le beau port des Côtes d’Armor se la joue plus que jamais en mode gourmand. D’abord parce qu’on L’achète à un « prix de chez nous ». Un L majuscule pour Elle : Sa Majesté la Coquille Saint-Jacques… de la Baie de Saint-Brieuc. Une reine de la mer qui est là chez Elle, ladite Baie de Saint-Brieuc offrant en effet, à environ 30 m de profondeur, le plus grand gisement naturel de coquilles Saint-Jacques de France.

Pour garantir la pérennité du gisement, seules les coquilles d’une taille supérieure à 10,2 cm peuvent être débarquées et commercialisées. Elles sont triées manuellement directement à bord des bateaux.

Une baie d’exception

Une baie qui, 5e du monde pour l’amplitude de ses marées et classée réserve naturelle depuis 1998, se distingue par la grande qualité de ses eaux et la richesse de sa biodiversité. Du Cap Fréhel à l’est à l’archipel de Bréhat à l’ouest, ce biotope tient du cocon pour ce mollusque bivalve qui vit essentiellement dans les espaces sablonneux en se nourrissant exclusivement de plancton.

Les ports d’Erquy, Loguivy-de-la-Mer et Saint-Quay-Portrieux sont les principaux quais de débarquement de cette Saint-Jacques armoricaine, débarquée bien vivante, moins de quatre heures après sa pêche. Ensuite pesée et enregistrée en criée, on la retrouve dès le lendemain dans les assiettes des restaurants, sur les étals des poissonniers ou dans les divers circuits de distribution, en coquille ou en noix.

Une « pêche durable »

Belle garantie que ce label briochin, cette pêche obéissant à une règlementation drastique. Seuls 238 bateaux de pêche côtiers, de moins de 13 m et embarquant quatre marins au plus, sont en effet titulaires d’une licence « coquille » les autorisant à la pêcher les lundis et mercredis, d’octobre à avril, pendant une durée de 45 minutes seulement. Pratiquée à la drague (un engin composé de filets avec des anneaux métalliques et tracté par le bateau), par des manœuvres rapides de 10 minutes chacune, cette pêche est d’autant plus restrictive que, triées manuellement, seules les coquilles de plus de 10,5 cm peuvent être conservées, les juvéniles étant remises à l’eau.

De quoi justifier que la pêcherie de la coquille de la baie de Saint-Brieuc ait été certifiée « pêche durable » par le label international MSC, garantissant une pêche qui respecte l’environnement marin, les pêcheurs allant jusqu’à financer la surveillance par avion de leur zone de pêche : en Baie de Saint-Brieuc, pas de resquilleurs, on est tous sur le même bateau…et sur la même coquille ! Non coraillée, puisque la Saint-Jacques de la Baie de Saint-Brieuc a pour spécificité d’être dépourvu de ce corail de reproduction. La période de reproduction terminée, ne reste en effet que la noix dans la coquille, dans cette pureté qui a fait sa réputation mondiale.

Un alléchant Food Tour

Une star planétaire qui, en son fief briochin, n’exclut pas les autres plaisirs iodés, la baie comptant ainsi 200 000 pieux (ou bouchots !) auxquels s’accrochent les moules, que la poissonnerie Flomer fait valoir sur son bel étal, où les ormeaux sauvages invitent à (re)découvrir ce coquillage de vrais gourmets, auxquels s’intéressent toujours ceux du Food Tour qu’organise l’office de tourisme de la Baie de Saint-Brieuc, tous les jeudis des vacances scolaires et un jeudi par mois en dehors.

Entre visite guidée et déjeuner itinérant autour des meilleures boutiques du centre-ville, cette déambulation gourmande invite aussi à déguster les fromages bretons de la Fromagerie de la Poste, le kouign amann de la pâtisserie La Duchesse de Rohan ou encore les chocolats de Jérôme Pinel et Johan Dubois. Six dégustations qui vous mettent Saint-Brieuc à la bouche, nombre de bonnes tables valorisant aussi les produits d’ici, comme le fait Nicolas Adam dans son restaurant étoilé, La Vieille Tour, au port du Légué, où il a aussi créé le concept Pørtland, à la fois boulangerie-pâtisserie-salon de thé et trattoria.

Bienheureux les Briochins !

À l’embouchure du fleuve côtier du Gouët, autrefois tourné vers l’industrie et la grande pêche, ce port du Légué a subi une profonde transformation pour devenir aujourd’hui un ancrage de plaisance et un des lieux briochins incontournables pour bruncher, dîner ou prendre un verre. A deux pas de là, le quartier de Cesson mérite aussi qu’on y découvre ses soixante cabanons colorés nichés sur la falaise, leur installation datant de 1936 pour les plus anciens.

L’histoire briochine passe évidemment par les alentours de la cathédrale, avec ses places et ruelles bordées de maisons à colombages, ses anciennes halles à l’architecture métallique et et ses pépites de style Art Déco. Telle la chapelle de la maison Saint-Yves, élu 8e monument préféré des Français en 2022, admirable par ses mosaïques d’Isidore Odorico et son riche mobilier inspiré par le mouvement Seiz Breur.

Atypique aussi dans le paysage briochin, la villa Rohannec’h est aussi incontournable, cette ancienne demeure d’armateur, d’inspiration italienne, étant un autre joyau. En la contournant, on jouit d’une vue imprenable sur la tour de Cesson et la baie : de quoi en rester « bouche baie »… Bref, on aura compris qu’au-delà de son patrimoine gourmand, ce coin d’Armorique justifie qu’on y prenne l’air même en hiver. Bienheureux les Briochins !

LA BAIE DE SAINT-BRIEUC EN IMAGES

Toutes les photos ©Jean-Luc Péchinot, sauf précision autre.

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