Les Français restent en dessous des recommandations nutritionnelles pour les légumes. Seuls 13% des adultes atteignent l’objectif des « 5 fruits et légumes par jour » selon UNILET.
Une nouvelle étude révèle l’ampleur du défi nutritionnel français : neuf Français sur dix ne consomment pas suffisamment de légumes. L’étude Nutrimétrie, réalisée pour l’UNILET (Interprofession française des légumes en conserve et surgelés), met en lumière un écart persistant entre les recommandations de santé publique et les habitudes alimentaires réelles.
En 2024, seuls 13% des adultes et 9% des enfants parviennent à respecter la recommandation nationale de consommer « au moins 5 fruits et légumes par jour ». La consommation moyenne de légumes chez les adultes s’établit à 140,6 grammes par jour, soit bien moins que les 400 grammes quotidiens de fruits et légumes confondus préconisés par le Programme national nutrition santé (PNNS).
Cette tendance s’inscrit dans une évolution défavorable observée sur la dernière décennie, où la place des légumes dans l’alimentation a reculé au profit du grignotage.

L’étude révèle des inégalités marquées dans la consommation de légumes. Si la quasi-totalité des Français (98,6% des adultes et 99,3% des enfants) ont consommé des légumes ou de la soupe au moins une fois sur trois jours, les quantités varient considérablement selon les catégories socio-démographiques.
Les plus de 65 ans, les couples sans enfant et les cadres supérieurs affichent les consommations les plus élevées. À l’inverse, les jeunes adultes de 18 à 44 ans, les familles monoparentales, les ouvriers et les employés consomment moins de légumes. Des disparités géographiques s’observent également : les habitants du Nord de la France consomment en moyenne 45 grammes de légumes de moins par jour que ceux du Sud-Ouest.
L’organisation des repas joue un rôle déterminant dans cette faible consommation. Le développement du télétravail (7% des journées de travail actuellement), les horaires décalés et l’accélération du rythme de vie conduisent à des repas pris seuls, rapidement, parfois fractionnés. Cette évolution limite la préparation de plats « fait maison » et freine mécaniquement la consommation de légumes.
Face à ces constats, les légumes en conserve et surgelés apparaissent comme une alternative pertinente. Transformés dans les cinq heures suivant la récolte et près des zones de production, ils conservent leurs qualités nutritionnelles tout en s’adaptant aux contraintes budgétaires et temporelles des consommateurs.

Selon Nutrimétrie, ces produits représentent 17% des légumes consommés quotidiennement par les adultes, proportion qui atteint 20% chez ceux qui respectent les recommandations nutritionnelles. Chez les enfants ayant une consommation modérée de fruits et légumes (entre 3 et 5 portions), les conserves couvrent 15% des apports.
L’étude souligne que toutes les catégories socio-professionnelles consomment ces produits dans des proportions similaires, démontrant leur rôle dans la démocratisation de l’accès aux légumes, indépendamment des niveaux de revenus.
Cette situation intervient dans un contexte sanitaire préoccupant. Le taux d’obésité chez les adultes français a augmenté, passant de 16% en 2019 à 19,3% actuellement. Pour le Dr Laurence Plumey, médecin-nutritionniste, cette évolution s’accompagne d’une hausse des problèmes de surpoids, de diabète et de maladies métaboliques et cardiovasculaires.
« Le plus important, c’est de manger des légumes, quelle que soit leur forme », souligne la spécialiste, qui considère que frais, en conserve ou surgelés, ils demeurent « indispensables pour rééquilibrer nos assiettes et prévenir les maladies chroniques ».
L’enjeu dépasse donc désormais la simple recommandation nutritionnelle pour devenir une question d’accessibilité et d’équité alimentaire, nécessitant la mobilisation de l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire.