Après avoir connu une période sombre, les producteurs de fraises du Lot-et-Garonne ont choisi de réagir en proposant des fruits de qualité, labellisés, du fameux Label Rouge. C’était il y a 10 ans.

Ah les fameuses fraises d’Espagne dont nous avons déjà parlé ici. A la fin des 90’s elles ont bien failli anéantir les producteurs de fraises du Lot-et-Garonne, qui proposaient à l’époque un fruit au moins aussi savoureux que celui de leurs concurrents de l’autre côté des Pyrénées, mais à un prix bien plus élevé.

Difficile de se battre sur le prix dans cette Europe guère unifiée sur le plan social et fiscal (et cela n’a que trop peu évolué aujourd’hui…) alors nos agriculteurs hexagonaux ont eu le très bon réflexe «d’entrer dans une démarche qualitative, de toute les façons on avait pas le choix !» confirme Philippe Blouin, président de l’AIFLG (Association Interprofessionnelle des Fruits et Légumes du Lot-et-Garonne), lui même producteur de fraises.

Il faut dire que la production locale, victime de la concurrence espagnole, s’effondre. En 2005 le tonnage a presque été divisé par 4 (on en produit plus que 7.000 tonnes contre 25.000 aux plus belles heures) pour éviter les stocks, impossibles sur ce fruit… 

Pourtant, la fraise c’est elle qui a déjà sauvé une partie de l’agriculture du département, quand dans les années 70 la culture locale du tabac est victime des premières campagnes de santé publique et que le haricot vert, bien implanté en vallée du Lot, disparait peu à peu car en récolte non mécanisable et, de fait victime des coûts de production en Afrique…

Alors qu’un grand nombre s’est mis au petit bijou rouge, l’Espagne inonde de plus bel les marchés européens… Drame en vue pour la fin de siècle !

Au sein de la toute jeune AIFLG (1998) on choisit de montrer que la fraise du Lot-et-Garonne est certes plus chère, mais que c’est pour une raison très simple, elle est bien meilleure et surtout cela c’est garanti !

Tout ce petit monde va travailler à définir un cahier des charges de la production de fraise,  pour passer de plus d’une vingtaine de variétés produites à seulement 5 dont la désormais fameuse Gariguette qui a vu le jour en 1976.

En naissent une marque collective « Douceur de Garonne » et un label Qualité Sud-Ouest. Mais cela ne semble pas suffit et en 2004 débute la réflexion suant à l’utilisation d’un label compréhensible du plus grand nombre des Français. Le Label Rouge est retenu, le dossier déposé.

Il faudra attendre 5 ans pour que celui-ci soit enfin apposé pour la première fois sur des fraises du Lot-et-Garonne ! Il a fallu tout garantir de la production à la logistique dans le respect total d’un cahier des charges des plus stricts, avec 80 étapes dans le process !

Evidemment cela a un coût !  La culture se fait hors sol, sous serres ou sous tunnels, qui demandent un lourd investissement. Sans compter la culture raisonnée, la cueillette ultra précise dans le plus grand respect du fruit, pas trop petit ni trop gros, et une livraison au détaillant dans les 24 heures qui suivent ! Les recalées (souvent aussi bonnes mais moins « sexy » se retrouvent vendu en 2e ou 3e catégories, à moindre prix…)

Aujourd’hui ce sont 65 producteurs dans le Lot-et-Garonne qui vendent des fraises Label Rouge (337 petites tonnes) dans les variétés Gariguette (acidulées, avec sa collerette et son péoncule relevés, de saison de mars à juin), Ciflorette (sucrée, surnomée le bonbon, de saison d’avril à juin) ou Charlotte (labellisée depuis 2010, en forme de coeur, avec un petit gout de fraise des bois. De saison d’avril à octobre).

L’AIFLG dispose désormais de son centre de formation sur les fameuses 80 étapes de la production. « Cela pour permettre à tous les producteurs qui le souhaite de savoir comment répondre à l’exigence de qualité exigée par le Label Rouge, et ainsi le pérenniser en formant le futur personnel » rapporte Philippe Blouin.

 « Nous sommes fiers de produire des fraises d’exception et de garantir au consommateur des fruits de qualité gustative supérieure», précise Sylvie Dulaurier, productrice, dont nous avons pu visiter le site de production à Damazan près d’Agen et dont nous avons savouré les fraises délicieuses. (voir galerie photo en fin d’article)

Une fierté qui s’est traduite par un beau cadeau d’anniversaire. En effet pour célébrer ses 10 ans, la fraise Label Rouge s’est affichée « en 4 par 3 » dans le métro à Paris. Elle s’est invitée dans la rencontre du Top 14 de Rugby lors du match opposant l’équipe locale du SU Agen contre le grand Clermont ainsi que face à Oyonnax, et s’est retrouvée dans la recette d’une bière éphémère de la brasserie 4.7 à l’Agropole d’Agen. Un brassin de 150 litres qui a demandé 9kg de fraises fraîches et s’est offert une étiquette spéciale 10 ans !

Sans oublier le Chef étoilé Benjamin Toursel de l’Auberge du Prieuré à Moirax qui a, pour l’occasion, mis au point une savoureuse recette de tartare de bœuf tomates et fraises Label Rouge. A retrouver sur le site de la Fraise Label Rouge.

La Fraise Label Rouge donne rendez-vous aux gourmands au Salon de l’agriculture Nouvelle Aquitaine à Bordeaux du 1er au 10 juin et pour une animation le 19 juin toujours dans la capitale girondine.

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