Autant vous le dire de suite lorsque nous avons annoncé que nous partions faire un reportage sur les fraises d’Europe, les remarques ont commencé à fuser…
« Quelle idée, les fraises de France sont bien meilleures », « elles sont pleines de pesticides », « elles ne poussent même pas dans la terre », « elles n’ont pas de goût », « elles ne sont pas sucrées »…
Bref, on avait l’impression que l’on partait au mieux manger des fruits infâmes, au pire s’empoisonner !
Bien que nous ne soyons pas reporters de guerre, nous avons pris le risque d’aller en Espagne, à Huelva en Andalousie, constater par nous même ce qu’il en était vraiment…
Le pays produit en effet près de 300.000 tonnes par an, sur les 1.100.000 à 1.500.000 tonnes produites sur le continent. Suivent La Pologne (200.000 T), l’Allemagne (150.000 T), l’Italie (140.000 T), le Royaume Uni (100.00 T).
La France quant à elle en produit 50.000 tonnes pour une consommation qui approche les 140.000 tonnes, soit un déficit proche des 80.000 tonnes au minimum… Manger des Fraises d’Europe n’empêche guère les producteurs hexagonaux de vendre leurs fruits…
En Espagne c’est la province de Huelva qui est à l’origine quant à elle de près de 93% de la production les bonnes années. Ici ce sont pas moins de 7.800 hectares qui sont consacrés à la culture du sublime fruit rouge.
90% de la production va à l’export, l’Allemagne et la France étant les principaux marchés. Suivent le Royaume Uni et l’Italie.
L’exploitation Caña del Trompo à Moguer
C’est ainsi que nous nous sommes rendus dans l’exploitation Caña del Trompo à Moguer, à l’extrême sud-ouest de l’Espagne.
Ici, juste au dessus du Parc de National de Doñana, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, les producteurs peuvent bénéficier de 3.120 heures d’ensoleillement par an ! Dans cette exploitation la variété reine est la Fortuna, une belle grosse fraise, ferme, sucrée et gouteuse (en tous les cas celles que nous avons cueillies nous même !).
Cultivées sous serres et arrosées au goutte à goutte, les fraises sont en culture hors sol et non biologique, comme dans une grande majorité des exploitations françaises
Les plans sont dans des bacs suspendus, alimentés en eau par un système ultra controlé de goute à goute afin de réduire au maximum la quantité d’eau utilisée.
Un accord a été passé avec des apiculteurs locaux afin d’assurer une pollinisation efficace et naturelle des plans.
Aucun traitement systématique, si ce n’est celui de l’utilisation préventive de Phytoseiulus persimilis, un acarien prédateur utilisé pour une lutte biologique contre le Tétranyque rouge (Tetranychus urticae), grand destructeur de cultures, et notamment de la fraise.
Si besoin est, ce qui est semble-t-il assez rare, l’utilisation de traitement phytosanitaire est possible, mais de façon extrêmement raisonnée. Si il y a encore quelques années les abus en matière d’utilisation de pesticides, de surconsommation d’eau, de préemption de territoires étaient fréquents dans la province, l’état espagnol s’est voulu plus regardant et a bien compris la nécessité de protéger Doñana, espace naturel indispensable aux oiseaux migrateurs, territoire d’espèces endémiques et réserve humide indispensable.
Chez Caña del Trompo les fraises sont récoltées à la main, avec soin et à maturité, par un personnel principalement en provenance des pays de l’Est de l’Europe et du Maroc voisin.
Puis nous sommes allez voir quel chemin prenaient les fruits avant d’arriver sur les étals français.
Fresón de Palos, le leader mondial de la fraise
Pour cela nous nous sommes rendus chez Fresón de Palos, le leader mondial de la fraise. Une coopérative née en 1982 et comptant plus de 150 associés et qui encourage au maximum la limitation des déchets et l’agriculture raisonnée si ce n’est bio.
A l’arrivée sur le site à Palos de la Frontera, ville d’où Christophe Colomb et ses marins partirent vers le Nouveau Monde en 1492, une équipe technique externe à la coopérative se charge d’un premier contrôle visuel du fruit.
Puis c’est l’orientation vers l’une des vingt lignes de manipulation composées de machines décaisseuses de barquettes, de contrôleuses de poids et autres encaisseuses sous le contrôle d’un système de traçabilité utilisant la technologie d’identification par radiofréquence (RFID), pour suivre de manière automatique et sans assistance, tous les processus de production, depuis la réception et la confection des fruits, jusqu’à leur stockage, conservation, distribution et vente.
Dans les 30.000 m2 de locaux, dont une partie réfrigérée à 4°, les fraises ne resteront que quelques heures. En effet, entre leur arrivée chez Fresón de Palos et les lieux de vente en France, s’écoulent au maximum 48 heures ! Pas de temps à perdre, la fraise est un fruit fragile…
Alors, de retour de ce périple andalou que penser de la fraise espagnole ? En ce qui concerne ce que nous avons vu rien qui ne mérite de crier au scandale bien au contraire !
Le fruit que nous avons côtoyé, la fraise Fortuna, est produit selon des techniques de culture raisonnée, récolté à maturité, commercialisé dans les délais les plus courts possible. Il offre des saveurs intéressantes, une belle mâche, une jolie sucrositée.
Il est vrai que l’Espagne produit aussi la variété Camarosa (comme la France d’ailleurs…), considérée comme bas de gamme et nettement moins chère mais plus particulièrement utilisée dans l’industrie (confitures, aromatisation, surgelés…) et qui n’a rien à voir avec celle que nous avons pu tester.
Certains d’entre vous préféreront la Gariguette, fraise plus acidulée, ou l’estivale Mara à la saveur proche de la fraise des bois. Tout cela n’est que question de goût. Quoi qu’il en soit la France ne produit vraiment pas assez de fruits pour assurer la demande des consommateurs. La fraise espagnole semble inévitable sur nos étals…
Alors soyons vigilants et exigeants, comme nous devons l’être également avec les producteurs hexagonaux, et nous devrions en sortir gagnants !
Fraises d’Europe c’est qui, quoi et comment ?
Tout d’abord nous tenons à préciser que nous avons pu vaquer comme bon nous semblait, photographier ce que nous voulions, poser toutes les questions qui nous passaient par la tête, bref, qu’aucune contrainte n’a été rencontrée dans ce déplacement financé et accompagné par Fraises d’Europe.
Fraise d’Europe « La Vie en Rouge » est une campagne mise en place depuis 2015. Elle est promue par l’Association Interprofessionnelle des fraises d’Andalousie (Interfresa) et financée en partie par l’Union Européenne et le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche, de l’Alimentation et de l’Environnement. Elle été mise en place en France, en Espagne et en Allemagne et s’étendra jusqu’en 2018.
Elle propose notamment une application mobile: « Fresetario Fraises d’Europe », disponible sur Google Play et l’AppStore, qui permet de découvrir des recettes, réalisées autour de la fraise, par les trois Chefs ambassadrices de la campagne : Lea Linster, Chloé Saada et Alma Obregon.
Fraises d’Europe a également réalisé une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Dans ce spot, les quatre ambassadeurs de la campagne se rencontrent le long des côtes méditerranéennes de Huelva en découvrant leur passion commune pour les fraises. Et pour célébrer cet évènement dans la bonne humeur, les ambassadeurs organisent un succulent diner à base de… Fraises d’Europe bien sûr !
Retrouvez les liens vers la page Facebook et la chaîne Youtube sur le site de Fraises d’Europe.
Notre reportage photo sur les fraises d’Espagne
Note: Le bouton « FS » passe en plein écran (conseillé !).
Le bouton « I » affiche la légende.
Le bouton « SL » lance le diaporama.
Tapez sur la touche « esc » de votre clavier pour revenir à l’affichage normal.
[flagallery gid=69 name=’En images:’]
Je vedres travelle a espagne
Je souis ou travaille