« Perle de la Côte Bleue », l’intimiste port de Carry-le-Rouet, près de Marseille, se décline plus que jamais en bleu avec l’ancrage de son nouveau paquebot : un quatre-étoiles d’entre ciel et mer qui sublime la couleur préférée des Européens. Bienvenue à bord !


Carry-le-Rouet. A fleur de Méditerranée, à 30 km à l’est de Marseille, c’est un petit écrin de Provence qui se la coule douce entre pinèdes, criques, plages et port de plaisance. Loin des stations surpeuplées de l’autre côté de la cité phocéenne, on est là dans un site tout aussi enchanteur, mais encore imprégné de sérénité, un casino et un cinéma, le Fernandel (qui vécut là) y donnant toutefois de la lumière aux soirées. Le regard s’y referme toujours sur ces alignements de bateaux face auxquels, désormais, s’élève l’immobile paquebot du Bleu.


Bleu ! Il fallait oser. Oser choisir le nom de la couleur préférée du monde occidental pour baptiser ce nouvel hôtel de luxe, érigé à flanc de coteau : « C’était un lieu à l’abandon, avec des rochers menaçants… et une vue d’exception. On a foncé, avec le soutien de la Ville, et on a commencé par sécuriser la rue avec des micro-pieux. Quinze millions de travaux plus tard, c’est un spot d’exception qui se fond dans l’horizon », se félicite Olivier Germain qui, avec ses sœurs Clémence et Céline, tient la barre de ce deuxième gros porteur du groupe familial Dimacco, le premier étant l’emblématique Hôtel Liautaud, à Cassis, reconverti en 2022 en un boutique-hôtel des plus raffinés.


Un raffinement qui caractérise aussi ce Bleu dont le nom insuffle déjà de l’apaisement, de la fraîcheur et de la pureté, la couleur étant là déclinée en maintes nuances. Mariant bleuet, verveine et lavande, le cocktail d’accueil donne le ton : bienvenue dans ce long bâtiment blanc s’intégrant joliment dans cette carte postale grandeur nature qu’est ce village-port ouvert sur l’horizon d’une côte qui, dans le Grand Bleu, s’avance jusqu’à Marseille.

Une chambre – ©Nicolas Anetson


Il y a donc là de quoi naviguer en eaux tranquilles, dans un environnement ciel et mer qui se veut d’un « esprit yachting », les architectes s’étant investis dans une approche narrative marquée par la force de la couleur bleue et la « contemporanéité » de l’agencement et du mobilier, savamment pensés. Matériaux bruts et naturels ont été choisis pour leur provenance locale et pour leur aptitude à recomposer un paysage. Piégeant la lumière de la Méditerranée surgissant de leur balcon panoramique, les 44 chambres et suites – de 25 à 60 m2 – s’ouvrent sur des couloirs qui rappellent ceux des bateaux de croisière.


Une ode à l’iode


Une croisière qui se fait là gourmande, l’autre atout de cet élégant vaisseau étant sa table, « L’Oursin », où Ilan Tinchant sublime la mer : « Mon ADN, c’est l’iode ». Jouant des herbiers marins, le chef aime ainsi valoriser la salicorne et la criste marine, les feuilles et tiges succulentes de ce fenouil de mer s’utilisant crues ou cuites, en soupes, salades ou omelettes. Ses deux menus, « le Voyage » et « l’Odyssée », glorifient essentiellement les poissons et crustacés de la Méditerranée. Du saint-pierre au turbot et du loup au rouget, ils y sont tous traités dans l’excellence. La langouste y est ainsi déclinée « dans l’esprit d’un aïoli, grillée et confite », la seiche « en texture, confite dans son encre, tempura et nuage d’ail », et la sériole en version « marinée, voile d’algues, mousseux de carapaces ». Les carnivores peuvent se replier sur le « caneton cuit sur le coffre, les cuisses confites et laitue de mer » : encore cette note iodée, qu’on retrouve jusque dans les desserts d’Allan Dupont, le « chocolat, biscuit Arlette » étant ainsi enrichi d’une « crème glacée oursin ».


Alliances convaincantes, cuissons millimétrées, jeux de textures et de chaleurs pour des produits au toque-niveau : on aura compris que la cuisine de cet artiste tient du « tout bon », d’autant plus qu’elle met le vin à la bouche. Ex-jockey, la pétillante sommelière, Céline Debatty, a la main sûre autour d’une cave nourrie qui met l’accent sur les « essences de Provence » : de Bandol en Cassis et de Bellet en palette, en passant par Sainte-Victoire, Luberon et coteaux du Verdon, le Sud y coule en maintes expressions, dans des verres triés sur le palais, aussi réfléchis que la vaisselle ambiante, d’un esthétisme extrême.

Vue de l’hôtel – ©Nicolas Anetson


Bien-vivre à tous les étages, celui du Spa Bleu étant voué au bien-être, en mode Phytomer, le pionnier de la cosmétique marine proposant depuis plus de 50 ans des soins formulés à partir d’ingrédients marins aux actifs puissants. Il s’agit là de tonifier, affiner, remodeler, raffermir, détoxiquer, stimuler, drainer, revitaliser, relaxer, hydrater et apaiser du bout des orteils à la pointe des cheveux, le soin signature Bleu étant personnalisé avec un choix d’huiles, de pressions et de rythmes à la carte. La jeune génération est aussi ravie des textures onctueuses et parfums enfantins de la marque Nougatine, genre barbe à papa, pomme d’amour et choco-noisettes.


Havre de zénitude, le Bleu s’ouvre aussi sur un extérieur tout aussi enchanteur, dont on peut s’extasier du cap de la Vierge, sur laquelle trône depuis 1653 la chapelle Notre-Dame du Rouet. De cette falaise se profilent la rade de Marseille et le viaduc de la Calanque des Eaux Salées. Du port de Carry, trois parcours de randonnée, dont le remarquable Sentier du Lézard, épousent les contours d’une Côte Bleue vraiment parfaite pour voir la vie en rose. On comprend dès lors que le port de Carry-le-Rouet soit le seul en Méditerranée à accueillir des résidents exceptionnels : en l’occurrence des fous de bassan sédentaires, cet oiseau plongeur de près de 2 m d’envergure, emblématique de l’Atlantique nord, ayant semble-t-il trouvé là de quoi nicher dans la sérénité.

Bleu
1, boulevard des Moulins
13620 Carry-le-Rouet
Tel: 04 51 68 00 00
Le Fernandel (qui vécut là) bonjour@hotelbleucarry.com

L’Oursin
Menus à 90, 145 et 185 euros.

Séjour au Bleu en images

Photos: ©JLP