Nous avons un peu de mal à l’imaginer tant elle est encore peu répandue en France, mais la capsule à vis pour les bouteilles de vin fête cette année son 60e anniversaire ! Retraçons son histoire, essayons de comprendre ses avantages et ses inconvénients, et parions sur son avenir.
Si la consommation de vin en France est en baisse depuis quelques années c’est parce que la société évolue sans doute plus vite que les us et coutumes en vigueur dans le monde du vin. Au delà de la montée certaine de l’hygiénisme, il est un exemple simple, celui du conditionnement du vin.
En effet, l’histoire du vin est intimement liée à ses méthodes de conservation et de fermeture. Après les jarres et autres amphores des Romains, après le tonneau des Gaulois, est apparue la bouteille. Pendant des siècles, pour fermer celle-ci, le bouchon en liège a dominé le secteur, devenant l’emblème de la bouteille de vin scellée.
Cependant, depuis quelques décennies, un nouvel acteur est apparu sur la scène mondiale : la capsule à vis. Si son adoption a parfois suscité la controverse, cette innovation a profondément transformé l’industrie vinicole et continue de gagner du terrain à travers le monde.
La France pourtant précurseur !
La capsule à vis, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est pas une invention récente. Dès les années 1950, des entreprises comme Stelcap, en Angleterre, et Alcan, au Canada, se sont intéressées à l’idée de fermer les bouteilles de vin avec une capsule en aluminium vissée. Cette méthode était initialement destinée aux spiritueux et aux produits alimentaires, car elle offrait une excellente étanchéité tout en étant facile à utiliser.
Toutefois, c’est en 1964 que la société française Le Bouchage Mécanique a lancé la capsule Stelvin, une capsule à vis spécialement conçue pour les bouteilles de vin. À l’époque, les problèmes liés aux bouchons en liège, notamment le « goût de bouchon » causé par le TCA (trichloroanisole), devenaient de plus en plus préoccupants. Cette altération, parfois imperceptible mais souvent destructrice pour le vin, touchait environ 5 à 8 % des bouteilles, ce qui représentait une perte énorme pour les producteurs. La capsule à vis promettait une solution à ce problème, mais son adoption restait lente, en grande partie à cause des traditions bien ancrées dans le monde du vin.
En effet, si la capsule à vis semblait être une solution idéale pour lutter contre le goût de bouchon et améliorer la conservation des vins, elle s’est heurtée à des obstacles culturels et psychologiques importants. Le rituel de l’ouverture d’une bouteille, avec le « pop » caractéristique du bouchon de liège, fait partie de l’expérience sensorielle du vin, surtout dans les pays européens, où les traditions vinicoles sont profondément enracinées. En France, en Italie et en Espagne, la capsule à vis a souvent été perçue comme une solution « cheap » ou indigne des vins de qualité.
Merci la Nouvelle-Zélande !
D’autant plus que la capsule à vis était initialement associée aux vins de bas de gamme, utilisés surtout pour des vins jeunes et bon marché. Ce préjugé a freiné son adoption dans les marchés haut de gamme pendant de nombreuses années. Cependant, certains pays producteurs de vin, notamment la Nouvelle-Zélande et l’Australie, ont rapidement reconnu les avantages pratiques de la capsule à vis et ont décidé de l’adopter massivement dans les années 1990.
La Nouvelle-Zélande a joué un rôle déterminant dans la popularisation de la capsule à vis. Au début des années 2000, de nombreux producteurs néo-zélandais, notamment dans la région de Marlborough, ont commencé à utiliser systématiquement cette solution de fermeture pour leurs vins, en particulier les vins blancs. La précision aromatique, la fraîcheur et la stabilité qu’offrait la capsule à vis correspondaient parfaitement au style de vin que recherchaient ces producteurs.
En 2001, un groupe de producteurs néo-zélandais, formant le « Screwcap Initiative », a décidé de lancer une campagne pour promouvoir les capsules à vis, arguant que cette technologie offrait une meilleure protection du vin que le liège. En Australie, des producteurs comme Yalumba et Penfolds ont suivi, adoptant rapidement cette fermeture pour de nombreuses cuvées, qu’il s’agisse de vins blancs ou rouges.
La capsule à vis a permis d’éliminer les risques liés au goût de bouchon et de garantir une meilleure conservation des arômes. En effet, le liège permet une légère micro-oxygénation, ce qui peut être bénéfique pour certains vins de garde, mais peut également entraîner une oxydation prématurée pour d’autres vins. Avec la capsule à vis, ce processus est complètement maîtrisé, assurant une plus grande longévité des vins jeunes et une constance dans leur évolution.
Avantages techniques et Innovations
Les avantages techniques de la capsule à vis sont nombreux. Tout d’abord, elle offre une étanchéité quasi parfaite, empêchant ainsi l’entrée d’air et limitant l’oxydation. Cela garantit que le vin reste frais et conserve ses arômes plus longtemps, surtout pour les vins destinés à être consommés rapidement, comme les vins blancs et rosés.
Ensuite, la capsule à vis est très facile à utiliser. Contrairement au liège, qui peut se briser ou s’effriter lors de l’ouverture, la capsule à vis s’ouvre et se referme sans effort, ce qui est particulièrement apprécié par les consommateurs modernes, souvent en quête de praticité.
Ces dernières années, des innovations ont permis d’améliorer encore la performance de la capsule à vis. Des versions avec des membranes perméables ont été développées, permettant une micro-oxygénation contrôlée similaire à celle offerte par le liège, tout en éliminant les risques de défauts liés au bouchon. Cette innovation a permis de convaincre les sceptiques que la capsule à vis pouvait également convenir aux vins de garde.
L’acceptation croissante à l’échelle Mondiale
Si la capsule à vis a d’abord été perçue comme un produit de substitution économique, elle a progressivement gagné en respectabilité. Au cours des deux dernières décennies, même des domaines prestigieux en Europe ont commencé à adopter cette fermeture pour certaines de leurs cuvées, en particulier pour les vins destinés à une consommation rapide ou intermédiaire.
Aujourd’hui, plus de 90 % des vins en Nouvelle-Zélande sont scellés avec une capsule à vis, tandis que ce chiffre est proche de 80 % en Australie. En Europe, notamment en Allemagne et en Autriche, cette technologie a également gagné du terrain, notamment pour les vins blancs comme le Riesling, où la précision aromatique et la fraîcheur sont primordiales.
Le futur de la capsule à vis semble donc devenir plus prometteur. Avec l’évolution des goûts des consommateurs et les préoccupations croissantes en matière de durabilité, cette fermeture pourrait devenir encore plus répandue. Contrairement au liège, dont la production est limitée et qui est souvent critiqué pour son impact écologique, la capsule à vis est recyclable et son coût de production est moins élevé.
Cependant, la capsule à vis devra encore surmonter des résistances, notamment dans les marchés traditionnels comme la France, où le prestige du liège reste fort. Toutefois, avec des innovations continues et une acceptation croissante par les consommateurs, il est probable que la capsule à vis s’imposera comme une alternative de choix, non seulement pour les vins jeunes, mais aussi pour des cuvées plus prestigieuses.
Pourquoi choisir la capsule à vis pour le vin ?
Les avantages de boucher une bouteille de vin avec une capsule à vis sont nombreux et touchent à la fois la qualité du vin, la commodité et la durabilité. Voici quelques-uns des principaux avantages :
Préservation de la qualité du vin :
– Élimination du goût de bouchon : Les capsules à vis évitent les risques de contamination par le TCA (trichloroanisole), qui peut donner un goût de bouchon désagréable au vin. Mais qui peut être évité aujourd’hui puisque désormais des fournisseurs de bouchons de liège les garantissent sans TCA
– Contrôle de l’oxygène : Elles permettent un meilleur contrôle de l’oxygène, réduisant les risques d’oxydation et aidant à conserver la fraîcheur et les arômes du vin.
Praticité :
– Ouverture facile : Les capsules à vis sont plus faciles à ouvrir et ne nécessitent pas de tire-bouchon, ce qui les rend pratiques pour les consommateurs.
– Refermabilité : Elles peuvent être refermées facilement, permettant de conserver le vin ouvert plus longtemps sans compromettre sa qualité.
Durabilité :
– Uniformité : Les capsules à vis offrent une fermeture plus uniforme et fiable comparée aux bouchons en liège, qui peuvent varier en qualité et en performance.
– Adaptabilité au vieillissement : Contrairement à certaines croyances, les capsules à vis permettent également un vieillissement réussi du vin, car elles peuvent être conçues pour réguler l’entrée de l’oxygène de manière contrôlée. C’est le cas de la gamme Inside de Stelvin, une gamme de trois joints de capsule aux taux de transfert d’oxygène (OTR) différents, pour révéler au mieux le caractère de chaque vin.
De même Stelvin a développé la capsule Pressure, dotée d’un joint spécialement conçu pour les vins légèrement carbonatés. Elle protège les arômes tout en maintenant et maintient son effervescence. Ses spécificités techniques lui permettent de supporter jusqu’à 6 bars de pression interne.
Environnemental :
– Impact écologique : Les capsules à vis, souvent en aluminium, sont recyclables et peuvent avoir un impact environnemental plus faible que les bouchons en liège, surtout lorsqu’ils sont fabriqués à partir de sources renouvelables ou recyclées.
En 2023, Stelvin a introduit sur le marché une nouvelle version de sa capsule à vis émettant jusqu’à 35% d’émissions carbone en moins. Ce au travers d’un nouveau processus de fabrication : intégration de jusqu’à 46% d’aluminium recyclé dans la capsule, et sélection d’un aluminium primaire à faible teneur en carbone. De plus avec une recyclabilité certifiée à hauteur de 83 % (source : Institut Cyclos HTP pour le RU, l’UE, Suisse, Norvège).
Économie :
– Coût : Elles peuvent être moins coûteuses à produire et à appliquer que les bouchons en liège, surtout pour les vins de consommation courante.
En résumé, les capsules à vis semblent véritablement offrir une solution moderne et efficace pour la conservation du vin, répondant à la fois aux besoins des producteurs et des consommateurs en termes de qualité, de commodité et de durabilité !
Capsule à vis ? L’avis de Christophe Felez – Sommelier des vins Pays d’Oc IGP
« Les bouchons à vis existent depuis très longtemps dans les pays étrangers. D’ailleurs certains vignerons ou caves coopératives l’utilisaient pour les exportations et conservaient le bouchon en liège pour le marché intérieur. Aujourd’hui, les bouchons à vis sont de plus en plus utilisés, bien qu’ils soient concurrencés par les bouchons en verre, jugés plus élégants.
Cependant, les bouchons à vis ont plusieurs intérêts. Tout d’abord, ils sont pratiques. Une bouteille entamée peut se reboucher plus facilement qu’avec un bouchon traditionnel. Ils évitent également au vin d’être bouchonné ou encore de s’altérer avec le temps. Des dégustations à l’aveugle de millésime ont montré qu’ils n’y avaient d’ailleurs pas de différence organoleptique. De plus, les bouchons à vis se recyclent. Ces bouchons présentent un réel intérêt pour les vins qui se consomment dans les 2 ans.
Les cuvées que j’apprécie le plus sont bien évidemment des vins Pays d’Oc IGP pour leur grande diversité de cépages. Il s’agit des cuvées : Richemer Viognier et Villa Blanche de Calmel et Joseph, en 100% Sauvignon. Ces 2 cuvées sont issues de la collection printemps / été 2024 des vins Pays d’Oc IGP et ont un bouchon à vis. »
La capsule à vis dans le monde vinicole
La proportion de vin bouché avec des bouchons à vis est difficile à déterminer avec précision car elle varie selon plusieurs facteurs :
Région:
Europe: Le bouchon en liège domine encore largement, avec environ 80% des bouteilles bouchées de cette manière. Cependant, l’utilisation de bouchons à vis progresse, surtout dans les pays comme l’Allemagne et l’Autriche, où elle atteint environ 20%.
Nouvelle-Zélande: Pionnière dans l’utilisation de bouchons à vis, la Nouvelle-Zélande les utilise pour environ 90% de ses vins.
Australie: L’Australie suit la Nouvelle-Zélande avec environ 70% de vins bouchés à vis.
Amérique du Nord: L’utilisation de bouchons à vis est moins répandue en Amérique du Nord, mais elle augmente, atteignant environ 15% aux États-Unis et 25% au Canada.
Type de vin:
Vins de garde: Le bouchon en liège est encore privilégié pour les vins de garde car il permet une micro-oxygénation qui peut contribuer à l’évolution du vin.
Vins jeunes: Les bouchons à vis sont plus populaires pour les vins jeunes qui sont consommés dans les années qui suivent leur mise en bouteille.
Prix:
Vins d’entrée de gamme: Les bouchons à vis sont plus fréquents sur les vins d’entrée de gamme car ils sont moins chers que les bouchons en liège.
Vins haut de gamme: Les bouchons en liège restent plus fréquents sur les vins haut de gamme, même si certains domaines prestigieux commencent à utiliser des bouchons à vis pour certains de leurs vins.
En moyenne, on peut estimer que environ 30% des vins dans le monde sont bouchés à vis. Cette proportion est en constante augmentation et il est probable que les bouchons à vis deviendront de plus en plus populaires dans les années à venir.
Notre sélection de vins en capsules à vis
Nous avons essayé de trouver un maximum d’appellations et de couleurs parmi nos dégustations. Voici une courte sélection.
Colombelle Cosmopolite Edition Limitée 2023 – Plaimont. Vin blanc IGP Côtes de Gascogne, vif, fruité sur les notes exotiques. 6,80 euros.
Le Logis 2022 Domaine des Baumard est un Anjou rouge avec de la fraicheur, de la souplesse avec de belles notes de fruits rouges. 12,70 euros.
Château Tour de Bonnet Blanc – Entre-Deux-Mers – 2023. Un vin frais et fruité, Médaille d’Argent 2024 à Paris. 6,80 euros.
Villa Blanche Sauvignon Blanc Pays d’Oc 2023 – Domaine Calmel & Joseph. De l’amplitude, de la fraicheur pour un joli fruit et quelques épices. 10 euros.
Uby Merlot Tannat N°7 2023. Un rouge fruité, gourmand, souple. 5,90 euros.
Gewurztraminer 2022 Domaine Albert Mann. Un Alsace en biodynamie avec la dominante florale de l’appellation mais une très belle fraicheur. 23 euros.
Sans Pépin (Vignobles Adonis). Vin pétillant blanc, faible en alcool à base de Chenin de Loire. Le rosé est produit à partir de cépages Grolleau, Gamay et Cabernet franc. 2,45 euros la bouteille de 20cl.