Nous avons déjà parlé ici de l’association Too Good To Go qui lutte contre le gaspillage alimentaire. Aujourd’hui elle publie, avec l’association France nature environnement (FNE) un livre blanc intitulé « Les dates de péremptions une idée dépassée ? » afin de soutenir et d’engager des actions d’ampleur, et réduire de 50 % le gaspillage alimentaire en France d’ici 2025.
Dans ce livre blanc il est tout d’abord rappelé qu’en France, 36 % des émissions de gaz à effet de serre sont dues au secteur alimentaire, et si celui-ci était un pays, il en serait le 3e plus gros émetteur ! Au delà de l’écologie, il sape aussi l’économie en pesant plus de 16 milliards d’euros !
C’est pour cela qu’en s’attaquant au flou autour des dates de péremption des produits alimentaires il serait, selon le livre blanc, possible de tous agir, et vite.
Pour se faire une idée bien claire du problème, le livre blanc fixe tout de suite le bilan: La Commission Européenne donne les dates de péremptions comme responsables de 20% du gaspillage alimentaire dans les foyers (eux-mêmes responsables de 33% du gaspillage selon l’ADEME) et sont la plus grosse source de gaspillage dans la grande distribution. Globalement, elles représentent 10 % du gaspillage alimentaire en Europe.
Et cela car ces fameuses dates de péremptions sont plurielles, aléatoires, jusqu’à manquer de légitimité pour le consommateur. En effet elles sont en l’état mal comprises, car mal expliquées, donc source de confusion.
Il faut par exemple déjà faire la différence entre la DLC et la DDM (ex DLUO) ! La Date Limite de Consommation – “à consommer jusqu’au” est un indicatif sanitaire, soit une date après laquelle le produit peut présenter des risques pour la santé. On l’attribue a des produits considérés hautement périssables.
La Date de Durabilité Minimale (ex DLUO) – “à consommer de préférence avant le/fin” est elle un indicatif de qualité, soit une date après laquelle le produit perd ses qualités organoleptiques sans présenter de risques pour la santé.
En plus il faut savoir que la DDM s’applique de 3 façons différentes ! Soit « jour/mois/année » qui signifie que le produit peut se consommer dans les 3 mois après la date. Mais aussi « mois/date » qui signifie que le produit peut se consommer dans les 18 mois après la date… ou juste « année » qui signifie que le produit peut se consommer au-delà de 18 mois après la date !
De fait seulement 47 % des consommateurs comprennent ce qu’est une DDM, et seulement 40 % ce qu’est une DLC ! (« Flash Eurobarometer 425 : Foodwaste and date marking », 2015)
Résultat, 25 % des répondants affirment ne jamais consommer leurs produits une fois la date passée; 26 % affirment jeter leurs produits un jour avant la date de péremption indiquée et 10 % affirment jeter leurs produits une fois la DDM dépassée !
Notons aussi que les plus âgés font plus confiance à leurs sens que les plus jeunes, qui montrent eux une plus grande confianc dans les dates (selon étude du programme d’action pour les déchets et les ressources (WRAP)).
D’autre part si l’on considère que les producteurs ne peuvent vendre que des produits dont la date de péremption est suffisamment longue, ces dates sont de fait responsables de 5 % du gaspillage au niveau de la production.
Et pour que le produit soit acheté en magasin le consommateur préfère aussi des dates longues, ce qui entraine entre 55 % et 94,8 % du gaspillage au niveau de la distribution ! Enfin ces fameuses dates incomprises sont la cause de 20 % du gaspillage dans les foyers.
Dans le livre blanc, face à ces impératifs sanitaires et économiques, des propositions sont faites pour rendre légitimes et crédibles les dates de péremption. A savoir en faire des indicateurs sanitaires fiables et surtout respectés intelligemment des consommateurs.
Les principales propositions sont de commencer par un travail en concertation par interprofession afin d’harmoniser les dates de péremption. Puis de réviser la mention et la lisibilité des Dates de Durabilité Minimale afin qu’elles soient comprises par le consommateur. Mais aussi favoriser l’éducation et la sensibilisation du grand public, qui est demandeur d’infos, et enfin d’assouplir les règles contractuelles qui régissent la relation entre fabricants et distributeurs pour favoriser la revalorisation.
Le Livre Blanc « Les dates de péremptions une idée dépassée ? » est disponible ici.