A quelques encablures de Pâques et de ses moments chocolatés, le Chocolate Scorecard 2025 nous dévoile les meilleurs et les pires élèves de l’industrie du chocolat.

La sixième édition de l’initiative Chocolate Scorecard, coordonnée par Be Slavery Free, une coalition australienne qui fait campagne contre l’esclavage moderne, vient de dévoiler ses résultats.
Le Chocolate Scorecard classe les entreprises en fonction de la traçabilité et de la transparence de leurs chaînes d’approvisionnement, du versement d’un revenu décent aux agriculteurs, des efforts déployés pour empêcher le travail des enfants, des mesures prises en matière de climat et de déforestation, de la manière dont elles soutiennent l’agroforesterie et de l’élimination de l’utilisation de pesticides nocifs.

« Ces dernières années les consommateurs font face à une augmentation des prix du chocolat et des produits de plus en plus réduits. La moindre des choses serait une industrie du chocolat sans esclavage moderne. Le Chocolate Scorecard aidera les acheteurs à faire des choix éclairés pour Pâques. Les entreprises de chocolat doivent s’engager de manière plus convaincante à éliminer le travail des enfants de leur chaîne d’approvisionnement et à mettre en place des actions réellement efficaces, au-delà du simple ‘cocoa washing’ » , explique Fuzz Kitto, co-directeur de Be Slavery Free.

Ainsi cette année c’est l’entreprise Tony’s Chocolonely qui a obtenu le meilleur score et s’est vu décerner le Good Egg Award du Chocolate Scorecard.
« Chez Tony’s Chocolonely, la transparence n’est pas seulement une valeur, c’est une nécessité pour provoquer un véritable changement dans l’industrie du cacao. Le Chocolate Scorecard contraint le secteur à rendre des comptes. Il garantit que les entreprises communiquent leurs progrès selon les mêmes indicateurs clés, créant ainsi des conditions équitables pour une avancée importante. », se félicite Joke Aerts, responsable du développement durable chez Tony’s Open Chain.

Un cocorico avec le Français Cémoi qui a été classé troisième fabricant de chocolat le plus éthique. Le chocolatier est reconnu pour ses excellents scores dans toutes les catégories, à l’exception de l’agroforesterie, où il a toutefois montré de grandes améliorations par rapport à la 5ᵉ édition. 
« Chez Cémoi, nous croyons que pour avoir un bon chocolat, il faut un bon cacao, et que le cacao est meilleur lorsque les agriculteurs sont bien accompagnés. C’est pourquoi nous prenons nos responsabilités très au sérieux, non seulement envers les producteurs, mais aussi envers leurs conjoints et leurs enfants. Le Chocolate Scorecard nous aide dans cette mission en nous offrant une vision objective de notre position dans un secteur confronté à des défis complexes. Il nous permet d’identifier nos points forts ainsi que les domaines où nous devons encore progresser. », confie  Julie Trandafir, responsable RSE chez Cémoi.

Mondelēz, le géant du chocolat fabricant de marques comme Cadbury, Toblerone, Green&Black, Oreo et Daim, a reçu quant à lui  le « Bad Egg Award » en raison de son manque de transparence, après avoir refusé de partager des informations.
Lors de la 5ᵉ édition du Scorecard, l’entreprise s’était classée 25ᵉ sur le classement des 38 grandes entreprises.

Chez Mars Wrigley, qui produit non seulement la barre Mars, mais aussi Snickers, Twix, Maltesers et Milky Way, on a été reconnu pour l’engagement en faveur de l’égalité des genres. Harper McConnell, vice-présidente mondiale de la durabilité du cacao chez Mars Wrigley déclare à ce propos que « Chez Mars Wrigley, nous savons que l’égalité des genres est essentielle pour un secteur du cacao durable. L’autonomisation des agricultrices renforce l’ensemble des communautés et réduit le travail des enfants. Le Chocolate Scorecard nous a aidé à comprendre ce à quoi ressemble une bonne pratique et ce que nous devons faire pour y parvenir. Nous espérons que cela rendra votre chocolat de Pâques un peu plus savoureux. ». Pas certain que cela soit perçu de la même manière du côté de Washington…

Dans l’ensemble, les conclusions de cette année montrent une amélioration de la transparence dans l’industrie, avec 82 % des entreprises partageant des données sur le travail des enfants, contre 45 % en 2023. Le secteur rapporte une légère baisse du nombre d’enfants exposés à des conditions de travail dangereuses, mais les experts avertissent que moins de la moitié des cas réels sont détectés.

Des progrès ont été réalisés concernant l’utilisation de pesticides, mais ils restent insuffisants pour lutter contre l’exposition chronique des enfants aux produits chimiques nocifs. Le nombre d’enfants travailleurs exposés aux pesticides dangereux a triplé en cinq ans, atteignant près d’un sur trois. Cet accroissement a entraîné une augmentation des blessures, des problèmes de santé et des besoins en soins.

Concernant la déforestation, plus d’un tiers du cacao acheté par les entreprises cette année provient de zones déboisées ou de sources inconnues. Les entreprises indiquent que 84 % des agriculteurs de leur chaîne d’approvisionnement ne perçoivent pas un revenu décent, ou que leur revenu est inconnu. Un revenu décent correspond au minimum nécessaire pour couvrir les besoins essentiels.

En 2024, le prix du cacao a été multiplié par quatre, mettant le secteur du chocolat au bord de la rupture. Au Royaume-Uni, un sac de 1 kg d’œufs de Pâques Cadbury (fabriqué par Mondelēz) a augmenté en moyenne de 3£ (environ 3,50 euros) par an depuis 2023. Parallèlement, les produits rétrécissent : Mondelēz par exemple a réduit ses tablettes de Milka de 100 g à 90 g tout en augmentant le prix.

Pourtant le Chocolate Scorecard de cette année montre peu de preuves que les agriculteurs sortent de la pauvreté. Leurs enfants continuent de travailler dans la chaîne d’approvisionnement et d’être exposés aux produits chimiques. Alors que les profits restent concentrés dans les salaires des PDG et les dividendes des actionnaires, ce sont les agriculteurs qui portent le poids de ces problèmes.

Pour rester sur une bonne note avant les fêtes de Pâques on notera que Tony’s Chocolonely, HALBA, Cémoi, Ritter Sport, Nestlé et Mars Wrigley figurent parmi les entreprises chocolatières les plus durables, selon cette sixième édition de l’initiative. De même que le fabricant de chocolat américain Beyond Good, qui utilise des fèves de Madagascar et d’Ouganda, a reçu le prix Good Egg pour les petites entreprises. Le détaillant suisse Coop a reçu quant à lui le prix Good Egg pour les distributeurs.

Photos: Migthy Hearth, Fuzz Kitto/Slavery Free, Raymond Owusu-Achiaw/Conservation Alliance International Ghana