Plutôt qu’une Bouteille du WE, nous avons choisi une bobine, celle de La Révole Nature, un documentaire signé d’Aline Geller, dont la sortie en salles est programmée le 10 mai prochain. Une heure et demie à se promener en France dans des domaines viticoles où l’on produit du « vin nature ».

Ceux qui nous lisent depuis longtemps le savent, nous ne sommes pas sectaires et nous abordons tous les styles de vins dans nos pages, des plus grands crus aux petites cuvées. Qu’elles soient issues d’une viticulture traditionnelle, « raisonnée », HVE, Bio, Biodynamique ou Nature. Du moment que nous trouvons que cela « goûte bien » ! 

Cette Révole Nature, du nom de cette fête de fin de vendange, ne peut qu’évoquer ici une « révolution » puisque l’on y parle du vin nature qui serait en voie de démocratisation si l’on en croit le synopsis du film fourni par la production.

Celui-ci nous dit ainsi, « Hier anecdotique car cantonné à une poignée de vignerons et réservé à une caste de consommateurs initiés, le marché du vin nature se démocratise. Il est dorénavant perçu comme un mode de production et de consommation respectueux de la nature et des hommes. Il suscite de nouvelles vocations et réenchante un monde agricole souvent déconsidéré. Des stars aux pionniers, en passant par les néo-vignerons, La Révole Nature part à la découverte de celles et ceux qui font le vin nature d’aujourd’hui ».

Alors on part en balade avec Aline dans le Beaujolais chez Sylvère Trichard (Domaine Séléné) et chez Jérome Balmet qui vient d’acquérir un nouveau fief à Vaux-en-Beaujolais.

Dans la Loire on découvre Jérôme Saurigny et dans le Jura un ancien Bourguignon, Jean-François Ganevat – dit Fanfan – et sa soeur Anne Ganevat (Domaine Ganevat). Mais aussi Loreline Laborde, décrite comme « paysanne vigneronne », du Domaine les Granges Pâquenesses à Tourmont.

En Auvergne on s’invite chez Jean Maupertuis, chez Vincent Marie (Domaine No Control)  et chez Benoit Rosenberger, aux vins baptisés  « Une méduse dans les cornichons », « Le loup des vignes », « Désaltérofilles »… tout un poème !

Sans oublier l’Anjou avec la vigneronne Sylvie Augereau, mais aussi un tour mémorable chez un des pionniers, et des plus puristes, Patrick Desplats, surnommé « le gourou d’Anjou », fondateur en 1999 du domaine des Griottes, qui vit comme un ermite dans sa cabane au pied de ses vignes, sans eau courante ni électricité, mais avec ses amphores enterrées où le vin se fait lentement (et surement ?)…

Aline Geller a eu l’idée de faire ce film en exerçant son métier de caviste de vins nature à Belleville dans Paris, dans lequel elle commençait à s’ennuyer. « Je souhaitais me réapproprier le temps; le temps de poser des questions aux vignerons, le temps laissé à mes interlocuteurs pour me répondre et celui de transmettre ces informations et les émotions suscitées par ces rencontres à un plus large public qu’une clientèle de cave. Le film est né de l’envie de ‘mieux’ raconter, de « mieux » partager, de mieux susciter l’envie ! », explique-t-elle.

Alors c’est presque tout bon ! Puisque en effet cette heure et demie nous permet de découvrir un univers, d’y croiser des personnages qui ont les pieds sur cette Terre qu’ils semblent bien chérir, d’autres un peu plus rêveurs – et cela ne fait pas de mal en ces temps compliqués. Enfin certains plus particulièrement perchés qui peuvent peut-être faire un peu « peur », ou sourire, ce sera selon…

Mais pour ce qui est de donner envie de goûter, c’est un autre débat. En ce qui nous concerne, avec notre profession, curieuse s’il en est, bien sûr que nous avons envie de tenter la dégustation et de voir si il y a bien une tendance révolutionnaire !
Par contre, pour le tout venant, le client de chez Nicolas ou des foires aux vins d’automne en hypermarchés, là, désolé mais on a comme un doute… Pas sûr qu’un personnage comme Patrick Desplats soit un bon VRP pour cette catégorie d’acheteurs. Et que cela plaise ou pas, ce sont ceux qui représentent aussi le plus grand nombre !

De toutes les manières il n’y aurait pas assez de vins Nature pour tout le monde. Qui plus est à des prix qui conviendraient à ceux qui pourraient être très curieux, mais qui ne vivent ni dans le Marais ni le XIeme à Paris… Bah oui, même si on ne paie pas la chimie, le temps de boulot et les rendements ne sont pas tout à fait raccords… alors cela a parfois un prix !

Ouiiii, ok, on caricature un peu, mais c’est aussi une façon de donner envie d’aller au cinéma voir cette sympathique Révole Nature ! C’est frais, c’est croquant et parfois peut être aussi un poil déroutant… comme le vin nature finalement !

Au fait, c’est quoi le vin nature ? 

Il faut le savoir le vin nature n’existe pas vraiment… Et du fait que rien ne le défini clairement.
En effet, les vins natures le sont, à la base et essentiellement, par l’absence ou quasi absence, de SO2 (dioxyde de soufre, communément appelé « sulfites ») ajouté dans les bouteilles (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas naturellement du reste…).
Et plus encore, contrairement au vin Bio, au vin Nature & Progrès, au vin Terra Vitis et même au vin HVE (Haute Valeur Environnementale), le vin nature ne fait l’objet d’aucune définition précise et encore moins d’une certification officielle. 

Il est censé être le produit d’un vigneron assurant respecter le sol, la plante et les hommes qui font le vin. Un producteur qui rapporte refuser le recours aux intrants chimiques et à toutes les méthodes de vinification « brutales » telles que la pasteurisation, l’acidification, la chaptalisation, l’ajout de copeaux ou de levures exogènes, le collage, etc. Et que l’on croit sur parole.