Pommes Golden AOP du Limousin

La pomme est incontestablement le fruit le plus consommé en France, avec 16 kg par an et par ménage.

On se l’imagine bien rouge et brillante comme celle de Blanche-Neige, verte quand ses arômes sont utilisés pour parfumer les shampooings et jaune pour la pomme de base, la golden.

Sauf qu’il y a Golden et Golden. Il en est une en effet qui bénéficie d’une AOP (Appellation d’Origine Protégée). Il s’agit même de la seule pomme française dans ce cas et c’est la Golden du Limousin.

Débarquée avec les Américains elle occupe les vergers d’altitude (de 300 à 500m) du Limousin à partir des années 50. Cette situation géographique, avec son alternance de nuits fraîches et de journées ensoleillées, offre plusieurs particularités: un rendement plus faible (50 à 70T/ha) et donc mieux contrôlé, un fruit à la forme légèrement allongée ainsi qu’une jolie teinte rosée sur la peau jaune du fruit, la rendant si distinctive et appétissante.

C’est en 2005 que la Pomme du Limousin a d’abord obtenu l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), certification française, avant d’obtenir l’AOP européenne 2 ans plus tard.

Pour pouvoir afficher ce label (7% de la production française de pommes), au-delà du terroir ( 2.600 hectares de vergers exploités dans 100 communes de Corrèze (54%), Creuse (1%), Nord-Dordogne (27%) et Haute-Vienne (18%)) les 80 à 90 000 tonnes de pommes Golden y prétendant doivent répondre à un cahier des charges très stricte (80% de la production n’en bénéficiera pas) qui en garantira la qualité.

Ce sont 4 coopératives (Limdor, Meylim, Perlim et Pom’Padour) qui commercialisent les fruits dont 70% sont proposés aux consommateurs en grandes et moyennes surfaces.

Les qualités de la Golden AOP du Limousin sont un très bel équilibre entre la sucrosité et l’acidité, de belles saveurs et un beau croquant (nous avons pu vérifier ! ).

Cette pomme se consomme aussi bien crue que cuite, son aptitude de tenue à la cuisson étant exceptionnelle.

 On la consommera en dessert en fruit à croquer, mais aussi aussi en ingrédient d’une salade. Cuite elle garnit parfaitement les tartes, mais on la servira aussi avec un poisson pour ses petites notes délicatement acidulées ou bien encore avec une viande blanche (volaille, porc…) pour des plats sur le sucré/salé.

Qui plus est cette pomme possède une belle aptitude à la conservation ce qui en fait une des plus présentes tout au long de l’année sur les étals (du 1er novembre au 31 juillet).

La culture de la pomme AOP du Limousin

Nous sommes allés en Limousin, à Coussac-Bonneval en Haute-Vienne, à la rencontre de Patrice Blanchet, Pomiculteur.

Nous l’avons rejoint dans ses vergers (8,5 Ha) de pommiers (dont 2,5 ont été plantés en 1992) sur l’exploitation familiale installée alors en polyculture élevage. Depuis 15 ans, l’exploitation agricole n’est consacrée qu’à la pomiculture et produit environ 400 tonnes (avec un objectif de 500).

Alors qu’une brume bien fraiche enveloppait les plateaux limousins en ce désormais sinistre vendredi 13 novembre, Patrice nous a expliqué comment se produit une Golden AOP du Limousin.

La récolte manuelle débutée à la mi septembre et terminée vers le 10 octobre a été déposée avec beaucoup de précaution en palox (caisses de bois, même si de plus en plus sont en plastique) de 300 kg qui ont été ensuite acheminés vers la coopérative (nous reviendront sur celle-ci dans un prochain article).

Désormais commence l’entretien du verger. Avec la taille des arbres, le soufflage des feuilles mortes et le retournement de la terre au pied des arbres pour éviter la Tavelure du pommier. Une maladie due à un champignon, l’inoculum qui passe l’hiver dans les feuilles mortes tombées au sol avant de reprendre vie dans l’arbre au printemps.

L’hiver est aussi le temps de la plantation de jeunes arbres, le taux de renouvellement est très élevé en Limousin, avec plus de 50 % des pommiers de moins de 8 ans .

Un verger entre en production 2 ou 3 ans après la plantation et atteint sa pleine production vers 5-6 ans. Il donne les meilleurs fruits avant 15-16 ans.

A partir de la mi mars les arbres repartent, les feuilles apparaissent et la surveillance devient indispensable. Avant la floraison qui débute en avril, le pomiculteur étend de nouveau ses filets anti-grêle (ils resteront en place jusqu’à la récolte) et commence à placer des diffuseurs de phéromones pour lutter contre le carpocapse, un lépidoptère dont la larve s’introduit dans les fruits.

Eviter toute intervention chimique

En plus du travail sur les feuilles mortes et l’utilisation de la confusion sexuelle, Patrice Blanchet fait son maximum pour éviter toute intervention chimique dans son verger.

C’est ainsi que nous pouvons voir, au détour des rangs, des nichoirs pour les mésanges qui se délectent des vers, des petits escargots et autres araignées, mais aussi des habitats pour insectes.

Ceux-ci étant complétés, en saison, par l’introduction de prédateurs naturels des ravageurs, tels les coccinelles pour lutter contre les pucerons ou les acariens (Typhlodromus pyri) pour les araignées rouges.

Lors de la floraison, pour faciliter la pollinisation (issue des insectes auxiliaires pollinisateurs comme les abeilles des ruches voisines et autres, bourdons), le pomiculteur va placer cette année des ruches dans son verger. Cela permettra en outre l’installation d’un jeune apiculteur dans la région.

De fin juin à début juillet, afin de favoriser la croissance des fruits, un éclaircissage est effectué en éliminant les fruits présentant des défauts (malformation, piqûre d’insecte, impact de grêle). Cela donne du travail à 15 personnes entre 15 jours à trois semaines et permet d’éviter un verger trop chargé qui donnerait alors des pommes moins sucrées.

C’est aussi à cette période de fortes chaleurs en Limousin que Patrice Blanchet irrigue son verger. Ceci est fait dans le cadre d’une technique raisonnée via un système de goutte-à-goutte associé à un outil d’analyse du taux d’humidité du sol.

Au-delà de l’économie d’eau cela évite de gorger les fruits d’eau, ce qui nuirait a leurs qualités gustatives. Raison pour laquelle l’irrigation est interdite pendant les 15 jours précédant la récolte et quoi qu’il en soit après le 31 août, comme stipulé dans le cahier des charges de l’AOP.

Juillet et aout est la période « creuse » pour le producteur qui va préparer les palox pour la récolte,. Elle débutera de nouveau fin septembre, avec une petite trentaine de personnes, durant 15 jours à trois semaines.

Puis les filets seront de nouveau repliés et le cycle reprendra son cours où nous l’avons trouvé.



Visite en images du verger de pommes Golden AOP du Limousin de Patrice Blanchet

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