Après deux années difficiles, les apiculteurs français peuvent enfin respirer… du moins en partie. La récolte 2025 devrait atteindre entre 23 000 et 25 000 tonnes de miel, presque le double de 2024 ! De quoi redonner le sourire aux professionnels du secteur qui commençaient sérieusement à perdre espoir.
Cette embellie, on la doit avant tout à Dame Nature qui a été particulièrement généreuse ce printemps. Un hiver doux et humide, une végétation en pleine forme : les abeilles ont repris du service dès fin janvier dans certaines régions. Et ça s’est vu dans les ruches !
Du Nord à l’Ouest, en passant par l’Est et le Centre, les apiculteurs ont fait de très belles récoltes. L’acacia a cartonné partout (sauf dans le Sud-Ouest), le colza a bien donné, et les miels de montagne, de tilleul ou polyflores ont été particulièrement généreux en Bretagne, Limousin, Auvergne et dans l’Est.
Mais voilà, derrière ces chiffres encourageants se cache une réalité plus sombre. Dans le Sud-Est, c’est la douche froide. Entre les jours de pluie, le vent et quelques épisodes de canicule mal placés, la récolte a été catastrophique. La lavande de Provence ? Un désastre. Le romarin, le thym, les bruyères du pourtour méditerranéen ? Quasi inexistants.
« Année après année, la partie méridionale souffre considérablement du bouleversement climatique », souligne Christian Pons, président de l’UNAF. Pour lui, c’est clair : les apiculteurs provençaux sinistrés doivent pouvoir bénéficier d’aides publiques pour éviter la faillite.

Le tournesol aussi a souffert des grosses chaleurs estivales, avec une récolte qualifiée de « particulièrement médiocre ». Même le châtaignier, pourtant plutôt satisfaisant, a parfois trinqué à cause d’orages qui ont lavé les fleurs au mauvais moment.
Car c’est bien là le problème : produire du miel, c’est un savant équilibre entre des ruches populeuses, de belles floraisons et une météo clémente. Il suffit qu’un seul paramètre manque pour que tout s’écroule. Et malgré le travail acharné des apiculteurs tout au long de l’année, malgré les transhumances sur des distances de plus en plus longues, c’est toujours la météo qui a le dernier mot.
Avec cette récolte, la France produira environ la moitié de ses besoins. Le reste ? Plus de 30 000 tonnes de miels importés chaque année, souvent à bas prix en provenance d’Asie. La question reste posée : les conditionneurs privilégieront-ils les miels français cette année ?
En attendant, les amateurs de bon miel ont rendez-vous le 5 février 2026 au Palais d’Iéna pour le Concours des miels de France. Plus de 400 miels répartis en vingt-cinq catégories seront dégustés et évalués. L’occasion de célébrer l’excellence et la diversité des miels locaux, que les consommateurs apprécient de plus en plus.
Bilan de cette année 2025 ? Satisfaisant sur le papier, mais avec un goût amer pour tous ceux qui, dans le Sud, voient leur métier menacé par un climat de plus en plus capricieux.











