Bernard Magrez lance Bordeaux n°12 et envoie valser la poussière en proposant un Bordeaux autour de 6 euros, qui plus est habillé par un artiste de street art star, JonOne. Pari fou ou génie marketing ? L’avenir nous le dira. En tous les cas c’est notre Bouteille du Week-End !
Si il y a effectivement une crise du vin qui touche tous les terroirs viticoles français et même au delà de nos frontières, il faut être honnêtes : Bordeaux a un sérieux problème d’image. Trop guindé, trop cher, trop « il faut connaître les millésimes et les châteaux ». Bref, pas franchement l’ami qu’on invite à une soirée pizza-bière.
Bernard Magrez, figure incontournable du vignoble bordelais, l’a bien compris. Et il a décidé de secouer le cocotier. « Bordeaux doute parfois de lui-même », confie-t-il sans détour. Alors plutôt que de pleurer sur le prestige d’antan, il a choisi de réinventer la roue. Ou plutôt, la bouteille.
L’histoire commence avec 18 essais de vin testés en aveugle avec des vignerons. C’est le numéro 12 qui décroche le pompon : fruité, léger, facile à siffler (avec modération, hein). Pas besoin d’être sommelier pour l’apprécier, pas besoin de le laisser respirer trois heures non plus.
Le chiffre 12 devient alors un symbole. Comme les 12 couleurs d’une palette, il évoque l’équilibre et la liberté créative. Un bordeaux qui assume d’être simple, direct, sans chichis. Rouge ou blanc, à environ 6 balles la bouteille. De quoi réconcilier Papy amateur de grands crus et sa petite-fille qui préfère habituellement le spritz, l’IPA ou le Kombucha.
Et pour que le message soit clair – « on n’est plus dans l’ancien monde » – Bernard Magrez a carrément appelé JonOne à la rescousse. Si vous ne connaissez pas, c’est une légende du street art international. Son truc ? Des couleurs qui giclent, des lettres qui dansent, une énergie brute qui explose sur la toile.
Le street-art de JonOne, symbole de fraîcheur et liberté
Le flacon est bordelais, simple, basique, sans les célèbres clés de Bernard Magrez. Mais l’étiquette de Bordeaux n°12, baptisée Men Of Mathematics, signée de JonOne transforme chaque bouteille en mini œuvre d’art. Vous pouvez la boire, l’offrir, ou même juste la mater sur votre étagère. L’idée ? Montrer que le vin, c’est aussi de l’émotion, du geste, de la liberté. Exactement comme une toile de street art dont Bernard Magrez est un grand amateur. Jetez un oeil aux artistes dont il est ou a été mécène…
Jean-Noël Kapferer, prof à HEC Paris et expert des marques, valide à fond l’initiative. Pour lui, Bordeaux n°12 coche toutes les cases du renouveau : prix abordable, design qui tue, message clair, et surtout un goût pensé pour 2025, pas pour 1985.
Bah oui, le constat est brutal : les jeunes ne boivent presque plus de vin rouge. 47% des plus de 55 ans en picolent régulièrement, contre seulement 7% des 18-24 ans. Pourquoi ? Parce que le vin rouge classique, c’est souvent trop costaud, trop sérieux, trop « faut être cultivé pour comprendre ».
Les nouvelles générations préfèrent les trucs légers, frais, fun. Ils n’ont pas le temps d’écouter un cours magistral sur le terroir argilo-calcaire. Ils veulent juste trinquer avec leurs potes sans se prendre la tête.
« Bordeaux 12 ne cherche pas à faire oublier Bordeaux : il veut le faire aimer autrement », résume Kapferer. Et c’est peut-être là toute la force du projet. Pas question de renier l’héritage ou de cracher sur les grands châteaux. Juste l’envie de montrer qu’on peut être bordelais ET cool. Élégant ET accessible. Traditionnel ET moderne.
Dans un monde où les influenceurs remplacent les sommeliers et où on bouffe plus souvent devant Netflix qu’à table en famille, Bordeaux n°12 a peut-être trouvé la recette pour rester dans le game. Un vin qui invite plutôt qu’il n’impose. Un bordeaux qui se la pète pas. Et si c’était justement ça, le luxe d’aujourd’hui ?
La dégustation du Bordeaux n°12
Mais au fait il est comment ce Bordeaux n°12 ? Bah pour ceux que ça intéressent, donc pas ceux qui sont visés en premier lieu, en rouge c’est un Bordeaux AOC titrant un petit 13%, fruit d’un assemblage 60 % Merlot, 40 % Cabernet Sauvignon issus d’un terroir argilo-calcaire, exposition sur pentes rocheuses… Il n’a connu que la cuve intox, basta la barrique histoire de ne pas compromettre la fraîcheur et la vivacité du fruit.
Et de ce côté là c’est plutôt réussi, on a une bouche assez gouleyante, du fruit rouge qui va bien et tout de même une petite structure tannique soyeuse pour apporter un peu de longueur. A 6 euros, c’est tout bon ! Pour accompagner un apéro charcuterie, un plat de pâtes, etc.
En blanc on est toujours en AOC Bordeaux, avec un 100% Sauvignon titrant lui 12%, issu d’un terroir argilo calcaire et le vin a connu une courte période d’élevage avant la mise en bouteille.
Si l’attaque est vive, le coeur est rond, avec une belle aromatique, sur les fruits blancs, pomme, poire, une touche d’agrume qui nous assure la finale avec fraicheur. On se le cale a l’apéritif, avec une douzaine d’huitres ou au fromage. Simple et efficace !
C’est disponible en grande distribution et cela s’adresse aux jeunes amateurs, curieux, urbains, sensibles au design et à la convivialité. Et même à moi qui n’arrive pas à vieillir !











